Balade à Houat
« Houat, arche de lumière en Juin, fantôme polaire dans les brumes de novembre ».
C'est ainsi que Madeleine Desroseaux présente en 1938 l'île d'Houat dans son livre "La Bretagne Méconnue". En réalité le véritable nom de la poétesse et romancière est Florentine Monier, née en 1873 et morte en 1938. Véritable ode à la Bretagne cachée (qui l'est aujourd'hui beaucoup moins bien sur), nous accompagnons l'auteure dans ces voyages dans les îles Bretonnes ( Houat et Hoedic donc, mais aussi Sein) ainsi que sur les chemins de ce qu'elle appelle les montagnes magiques. Voici quelques extraits de ce livre concernant Houat, que je conseille à tous les amoureux d'une Bretagne hors du temps.
Houat est séparée de Quiberon par douze kilomètres d'eau souvent houleuse et Brutale. Elle est à peu près à égale distance de Belle-île (…). Autrefois, s'il faut en croire la légende, on allait à cheval de Quiberon à Houat à travers une forêt vierge où l'ombre était si épaisse que des torches brûlaient constamment aux relais, phares terrestres guidant les voyageurs dans la demi-nuit qui régnait sous les voûtes superposées des branches.
C'était le temps des bêtes monstrueuses où la terre, enfantait des arbres géants.
Cet îlot battu des vents, sans arbres, est un véritable jardin de la mer. Il est couvert de fleurs. La bénédiction de Saint Gildas est resté sur la terre et c'est un miracle d'une richesse incomparable : Immortelles jaunes, sédums, œillets de falaise, églantine des dunes (…).
La plupart des Français ignorent que, jusqu'en 1881, il y avait, non loin du contient, un petit royaume taillé dans le territoire de la République, ayant ses lois, ses coutumes et nullement soumis au droit commun. Le dernier souverain de l'île du Canard fut l'abbé Lavenot.
Comme son prédécesseur, il était maire et ceignait l'écharpe tricolore par-dessus sa soutane (…).
L'île qui a environ cinq kilomètre de long sur une largeur variant entre 500 et 1000 mètres, a la forme allongée d'un squale dont la mâchoire ouverte sur Hoedic est hérissée de temps pointues qui sont des récifs.Les matins dans l'île ont la limpide harmonie, la divine jeunesse des premières aurores du monde. Richesse de la lumière, clartés purifiantes qui baignent le sol, les rochers et jusqu’au moindre brin d'herbe, magie de l'espace. Le pays est bleu et vert.
Assise sur une crête dominant la plage de Salus, je regarde le ciel s'éteindre et l'ombre s’accroupir dans le creux des dunes. Aucune voile sur la mer. C'est la plaine infinie, le désert où les rochers s'allongent comme des sphinx, le désert plus vide, plus nu que les steppes de L'Ukraine ou que les sables de l'Arabie (…).