People are STRANGE
Il n'y a pas si longtemps c'était Noël, si, si. Parmi les cadeaux qui m'ont été offerts quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, avec grand plaisir, le bouquin ci-dessus intitulé Nos Années Strange ainsi que 3 numéros de la revue du même nom !
Signé Sébastien Carletti et Jean-Marc Lainé, cet ouvrage évoque forcément quelque chose pour vous qui avez eu vos premiers poils au menton (et ailleurs...) dans les 80's.
Strange, c'était pour tout jeune ado de cette époque, la revue de super-Héros par excellence. Certes, il y en avait d'autres mais celle-ci était spéciale.
Chaque rendez-vous mensuel était un plaisir chaque fois renouvelé. N'ayant pas un Kopeck en poche (j'étais jeune ado, je le répète), c'est donc ma mère qui se chargeait de nous acheter le précieux Graal à mon frère et moi.
Ma grand-mère pour sa part, nous renouvelait comme chaque année, notre abonnement au Journal de Mickey. C’était très gentil mais Riri, Fifi et Loulou avec leur bonnet à queue de castor...
Parfois, il y avait du retard d'approvisionnement pour Strange, l'enfer !
Je reprends le fil de mon récit. La revue entre les mains, je la parcourais nerveusement, retrouvant les réflexes de mon enfance qui consistaient à feuilleter l'intégralité de mon Strange pour en savourer les meilleurs pages de castagnes.
Pas de fioritures ! Directement dans le vif du sujet !
Dardevil allait-t-il mettre une rousté au Tireur ? Iron-Man mettrait-il fin aux agissements du Mandarin ? Spiderman allait-il faire bouffer son planeur au Bouffon Vert ?
A l'époque, je faisais l'impasse sur les quelques pages « éducatives » en fin de revue dont la présence m'étonnait chaque fois. « Non mais c'est quoi ce truc sur les pyramides au milieu de mon magazine ? »
Je compris plus tard que la censure guettait et qu'un pourcentage de contenu pédagogique était obligatoire.
Une chose m'a surpris à la lecture de Nos années Strange !
Je me suis rendu compte que mon esprit avait fait abstraction, avec le temps ou peut-être ne l'avais-je pas noté à l'époque, des thèmes plus épineux abordés par les auteurs.
Je n'avais aucun souvenir de l'alcoolisme de Tony Stark ni du passé tourmenté de Juif polonais de Magnéto durant la seconde guerre mondiale.
Je pense que ces arcs narratifs ont pris une place plus importante au fur et à mesure que le lectorat prenait de la bouteille.
Finalement, ces super-héros doués de pouvoirs dépassant l'entendement affrontaient bien souvent en parallèle des problèmes quotidiens qui les rendaient beaucoup plus réalistes que les personnages de BD franco-belge.
L'exemple le plus frappant est Peter Parker, devant gérer une double identité, les cours à la fac, son job d'étudiant (pas encore livreur Deliveroo) et sa tante May !
Il y avait des problèmes plus triviaux ! Comment le jean de Bruce (David c'est pour la série TV) Banner résistait-il à sa transformation en incroyable HULK ? C'était la mode des jeans Elastis mais quand même.
La revue ayant accueilli en son sein de multiples séries qui se sont succédées au fil du temps, chacun a eu son héros préféré selon l'époque (Les 4 fantastiques, Captain Marvel, Rom...).
La collection de Strange, mais aussi de Spécial-Strange (trimestriel, l'horreur) s'est, au fil du temps étoffée pour finir par représenter dans notre chambre, des piles de hauteur non négligeable qui s'écroulaient assez régulièrement.
J'en ai dessiné des super-héros « pompés » sur John Romita jr, Gene Colan, john Byrne etc.
Puis un jour, je ne saurais dire pourquoi, ni quand, la magie a disparu ou plutôt s'est évaporée. Il est vrai que le monde des super-héros n'avait pas encore envahi le cinéma, imposant ce genre un peu partout y compris chez les adultes. Grandir c'était alors abandonner le monde de Spiderman et consort pour aller vers celui de la musique new wave, des filles…
Résultat des courses on m'a offert un Strange à Noël...